Article déposé le 07 décembre 2010

L'exemple qui suit vient illustrer l'impact qu'il peut y avoir quand un sujet associe la sexualité conjugale exclusivement à un acte potentiellement reproductif. Le désir sexuel est toujours présent mais l'objet du désir n'est plus la conjointe.

Cas clinique :

Je reçois Rémi et Camille pour trouble du désir engendrant des conflits au sein du couple. Rémi n'a plus de désir sexuel pour Camille malgré les sentiments qu'il éprouve. Ils se connaissent depuis 4 ans et vivent ensemble depuis 3 ans. Six mois après leur première rencontre, le désir de Rémi pour Camille s'est estompé pour devenir inexistant depuis bientôt 2 ans. Parallèlement à ce manque de désir, Rémi a commencé à ressentir du désir sexuel pour d'autres femmes pour ne pas dire toutes les femmes tant qu'elles ne lui rappellent en rien Camille. Il a des relations sexuelles extra conjugales avec des femmes qu'il ne connaît pour ainsi dire pas et dont la relation ne sera pas suivie.

Avec ces femmes, il associe son désir, à son plaisir et à sa jouissance.

Il y a un an de ça, Rémi a informé Camille de son infidélité. A la demande de Camille Rémi a consulté un sexologue. Rémi me dit de cette consultation : "physiologiquement, je vais bien. Mon problème est psychologique. Le sexologue m'a dit qu'il ne pouvait rien faire pour moi car chez moi tout fonctionne. Le problème est dans ma tête. C'est pour ça qu'on est là".

Les premières séances, j'ai choisi de recevoir le couple ensemble pour qu'ils puissent chacun exprimer leur ressenti, leur sentiment, leur vie de couple, leur place et leur rôle dans ce couple. Ils se sont accordés à dire que Camille jouait le rôle d'une mère et Rémi celui de son enfant.

Par la suite, j'ai reçu Rémi seul. Au cours de l'une de nos séances, Rémi s'autorise à dire que la première fois où son désir pour Camille et sa jouissance ont été altérés, c'est lorsqu'un jour Camille a oublié sa pilule. Elle s'est aperçue de cet oubli après un rapport sexuel. Il a été effrayé par la possibilité que Camille puisse être une mère et lui un père.

Cette éventualité est impensable pour Rémi au point qu'il s'interdit tout désir pour sa compagne. Son désir est tourné vers des femmes peu connues voir inconnues où ce qui prime est sa jouissance.

Pour conclure

Cet exemple illustre deux point importants en sexothérapie : 

• La sexualité à visée purement reproductrice peut s'exprimer sans désir.


• La sexualité comme "outil" pour jouir et qui ne peut s'exprimer qu'avec du désir.
  

 
Rémi peut avoir une sexualité mécanique avec Camille mais il ne peut pas jouir pleinement de cette sexualité, car il est effrayé à l'idée que Camille puisse avoir un enfant. Rémi ne parvient pas à jongler avec ses deux aspects. Sa sexualité est dirigée par "le principe de plaisir".

J'aurai pu développer également les représentations de la femme qui oscillent entre la mère et la "putain". Aux yeux de Rémi, Camille représente une mère uniquement. Il ne s'autorise pas à érotiser l'image de Camille pour la sortir de cette représentation. Après avoir pointé avec Rémi ces différents éléments, il a souhaité que Camille revienne en séance. Nous en sommes là actuellement…