La domination masculine, sortie en salle le 25 novembre 2009
Article déposé le 23 Novembre 2009
La domination masculine est un film de Patric Jean qui sort le 25 Novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Comme son nom l'indique ce film dénonce la domination masculine au quotidien et sous différentes formes sans que l'on y prête une grande importance tellement ces actes sont inscrits, pour certains, dans la société. Je vous joins ci-dessous, chers internautes, un extrait d'une interview de Patric Jean qui explique les raisons de ce film et qui vous donnera je l'espère l'envie d'assister à sa projection.
Synopsis du film
« Je veux que les spectateurs se disputent en sortant de la salle », c'est ce que disait Patric Jean en tournant « la domination masculine ».
Peut-on croire qu'au XXIème siècle, des hommes exigent le retour aux valeurs ancestrales du patriarcat : les femmes à la cuisine et les hommes au pouvoir ? Peut-on imaginer que des jeunes femmes instruites recherchent un « compagnon dominant » ? Que penser d'hommes qui subissent une opération d'allongement du pénis, « comme on achète une grosse voiture » ?
Si ces tendances peuvent de prime abord sembler marginales, le film nous démontre que nos attitudes collent rarement à nos discours. L'illusion de l'égalité cache un abîme d'injustices quotidiennes que nous ne voulons plus voir. Et où nous jouons tous un rôle.
A travers des séquences drôles, ahurissantes et parfois dramatiques, le film nous oblige à nous positionner sur un terrain où chacun pense détenir une vérité.
« La Domination masculine » jette le trouble à travers le féminisme d'un homme qui se remet en question. Une provocation qui fera grincer des dents…
Intentions du réalisateur
Moi-même, je suis un homme.
Comme beaucoup d'autres, je suis plus dans la règle que dans l'exception. Je suis, dans ma famille, de la première génération où l'on ne frappe pas sa compagne. Je n'en tire aucune fierté, conscient qu'un parcours est fait de rencontres et que ce sont souvent les autres qui ont le mérite de ce que nous sommes.
1 Le Nouvel Observateur, dossier « Femmes. Ce qu'en disent les philosophes », 16-22 août 2007.
Je partais de loin pourtant. Elevé presque exclusivement par des femmes victimes d'hommes disparus, j'ai reçu, comme le coquelet de la basse-cour, la formation d'un petit machiste phallocrate et sexiste.
Un homme tient sa place et gagne plus d'argent. Sur la cheminée trônait le précepte d'une vie : « là où il y a un foyer heureux, il y a une mère oublieuse de soi ». La seconde proposition était vraie.
Pour paraphraser Simone de Beauvoir, on ne naît pas homme, on le devient. A vingt ans, je justifiais encore par nos différences biologiques les places différentes occupées par l'homme et la femme dans le monde. Je trouvais les femmes plus sensibles et donc plus aptes à s'occuper des enfants.
Je ne sais plus aujourd'hui ce que c'est qu'être un homme, et cela m'a permis de mieux savoir qui je suis.
Un homme n'a pas besoin de frapper pour être physiquement violent. Et celui qui bat sa femme tous les dix ans opère, après tout, comme un vaccin et ses rappels. Reste la possibilité quotidienne qui n'a pas besoin de s'exprimer pour imposer une domination. Est-il nécessaire d'aller au-delà du pied qui frappe le sol, ou de la main sur une table, ou de la voix qui gronde et menace pour exprimer une violence virtuelle que bon nombre de femmes reconnaissent sans peine.
Que d'autres passent à l'acte peut suffire d'avertissement. Le rapport est clair. L'homme n'a que rarement peur de la violence physique ou sexuelle de la femme. L'idée est presque cocasse. L'inverse est tout autre chose1.
Jusqu'à ce que des femmes me poussent à me déshabiller de mes déguisements virils pour tenter d'apparaître tel que moi-même. Et de me mettre à observer le monde avec des yeux différents.
Jusqu'à me surprendre chaque jour encore dans ce que j'appelle mon « flagrant délit de mec ».
Comme ce jour-là où, lors d'une réunion où j'étais invité, je me suis rendu compte que j'avais adressé la parole et le regard à tous les hommes autour de la table, négligeant complètement la seule femme à qui je tournais presque le dos.
Comme si ces réflexes-là étaient bien tenaces. Comme si un travail de déprogrammation devait se répéter chaque jour. Dans les petites choses comme les grandes.
Et donc faire un film puisque je suis cinéaste.
A partir d'une forme de colère, une fois de plus. Après le déterminisme social, la criminalisation des pauvres, et des parcours de migrants, il était impossible de ne pas travailler au plus grand rapport de domination : celui des hommes sur les femmes.
Avec l'envie de filmer le continuum : des jouets à la violence totale. Faire un film politique en mosaïque, un patchwork où le spectateur a sa place. Mais qui porte mon point de vue comme une démonstration. Quitte à provoquer.
Car j'espère que les spectateurs se disputeront en sortant de la salle.
Car ce qui m'intéresse en faisant ce film, c'est de faire ressentir toutes ces habitudes, tous ces réflexes, toutes ces images, tous ces clichés que l'on ne voit plus et qui pourtant continuent d'organiser nos rapports homme femme sous l'axe d'une domination qui ne dit plus son nom et qui, dans certains cas, mène à la violence la plus terrible.
Sans faire de théorie, les livres sont là pour ça. Simplement en tentant de faire jaillir du sens, de l'émotion, du rire, de la colère à partir du réel sous notre nez et que nous ne le voyons plus.
Car on s'est beaucoup intéressé à l'autre. Le « Musulman » par exemple. Une vidéothèque entière a été tournée sur la condition misérable et la violence dont sa femme peut être victime, ici ou là-bas. Oubliant par là que notre avancée en la matière était bien incomplète. On se mobilise pour une fille qu'on va lapider parce qu'elle est enceinte d'un mari qui la répudie. Et il faut le faire.
Mais on oublie que chez nous, des hommes tuent encore leur femme et que les chiffres de la violence conjugale donnent le tournis dans la plupart des pays occidentaux.
Pas de cérémonie. Pas de sentence religieuse. Pas même de procès expéditif. Quelques coups de poing suffisent. Et un couteau ou un pied de chaise pour finir le travail. L'homme ira en prison. La belle affaire… Ce que l'on expliquera par la culture dans le Tiers-monde, on refuse de l'analyser pareillement quand il s'agit de chez nous. On cherche des causes psychologiques qui isolent le cas et exonèrent le reste de notre société.
Ce sont ces choses-là que je veux faire ressentir. Je pense que le cinéma est le meilleur outil pour le faire.
La domination masculine est un film de Patric Jean qui sort le 25 Novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Comme son nom l'indique ce film dénonce la domination masculine au quotidien et sous différentes formes sans que l'on y prête une grande importance tellement ces actes sont inscrits, pour certains, dans la société. Je vous joins ci-dessous, chers internautes, un extrait d'une interview de Patric Jean qui explique les raisons de ce film et qui vous donnera je l'espère l'envie d'assister à sa projection.
Synopsis du film
« Je veux que les spectateurs se disputent en sortant de la salle », c'est ce que disait Patric Jean en tournant « la domination masculine ».
Peut-on croire qu'au XXIème siècle, des hommes exigent le retour aux valeurs ancestrales du patriarcat : les femmes à la cuisine et les hommes au pouvoir ? Peut-on imaginer que des jeunes femmes instruites recherchent un « compagnon dominant » ? Que penser d'hommes qui subissent une opération d'allongement du pénis, « comme on achète une grosse voiture » ?
Si ces tendances peuvent de prime abord sembler marginales, le film nous démontre que nos attitudes collent rarement à nos discours. L'illusion de l'égalité cache un abîme d'injustices quotidiennes que nous ne voulons plus voir. Et où nous jouons tous un rôle.
A travers des séquences drôles, ahurissantes et parfois dramatiques, le film nous oblige à nous positionner sur un terrain où chacun pense détenir une vérité.
« La Domination masculine » jette le trouble à travers le féminisme d'un homme qui se remet en question. Une provocation qui fera grincer des dents…
Intentions du réalisateur
Moi-même, je suis un homme.
Comme beaucoup d'autres, je suis plus dans la règle que dans l'exception. Je suis, dans ma famille, de la première génération où l'on ne frappe pas sa compagne. Je n'en tire aucune fierté, conscient qu'un parcours est fait de rencontres et que ce sont souvent les autres qui ont le mérite de ce que nous sommes.
1 Le Nouvel Observateur, dossier « Femmes. Ce qu'en disent les philosophes », 16-22 août 2007.
Je partais de loin pourtant. Elevé presque exclusivement par des femmes victimes d'hommes disparus, j'ai reçu, comme le coquelet de la basse-cour, la formation d'un petit machiste phallocrate et sexiste.
Un homme tient sa place et gagne plus d'argent. Sur la cheminée trônait le précepte d'une vie : « là où il y a un foyer heureux, il y a une mère oublieuse de soi ». La seconde proposition était vraie.
Pour paraphraser Simone de Beauvoir, on ne naît pas homme, on le devient. A vingt ans, je justifiais encore par nos différences biologiques les places différentes occupées par l'homme et la femme dans le monde. Je trouvais les femmes plus sensibles et donc plus aptes à s'occuper des enfants.
Je ne sais plus aujourd'hui ce que c'est qu'être un homme, et cela m'a permis de mieux savoir qui je suis.
Un homme n'a pas besoin de frapper pour être physiquement violent. Et celui qui bat sa femme tous les dix ans opère, après tout, comme un vaccin et ses rappels. Reste la possibilité quotidienne qui n'a pas besoin de s'exprimer pour imposer une domination. Est-il nécessaire d'aller au-delà du pied qui frappe le sol, ou de la main sur une table, ou de la voix qui gronde et menace pour exprimer une violence virtuelle que bon nombre de femmes reconnaissent sans peine.
Que d'autres passent à l'acte peut suffire d'avertissement. Le rapport est clair. L'homme n'a que rarement peur de la violence physique ou sexuelle de la femme. L'idée est presque cocasse. L'inverse est tout autre chose1.
Jusqu'à ce que des femmes me poussent à me déshabiller de mes déguisements virils pour tenter d'apparaître tel que moi-même. Et de me mettre à observer le monde avec des yeux différents.
Jusqu'à me surprendre chaque jour encore dans ce que j'appelle mon « flagrant délit de mec ».
Comme ce jour-là où, lors d'une réunion où j'étais invité, je me suis rendu compte que j'avais adressé la parole et le regard à tous les hommes autour de la table, négligeant complètement la seule femme à qui je tournais presque le dos.
Comme si ces réflexes-là étaient bien tenaces. Comme si un travail de déprogrammation devait se répéter chaque jour. Dans les petites choses comme les grandes.
Et donc faire un film puisque je suis cinéaste.
A partir d'une forme de colère, une fois de plus. Après le déterminisme social, la criminalisation des pauvres, et des parcours de migrants, il était impossible de ne pas travailler au plus grand rapport de domination : celui des hommes sur les femmes.
Avec l'envie de filmer le continuum : des jouets à la violence totale. Faire un film politique en mosaïque, un patchwork où le spectateur a sa place. Mais qui porte mon point de vue comme une démonstration. Quitte à provoquer.
Car j'espère que les spectateurs se disputeront en sortant de la salle.
Car ce qui m'intéresse en faisant ce film, c'est de faire ressentir toutes ces habitudes, tous ces réflexes, toutes ces images, tous ces clichés que l'on ne voit plus et qui pourtant continuent d'organiser nos rapports homme femme sous l'axe d'une domination qui ne dit plus son nom et qui, dans certains cas, mène à la violence la plus terrible.
Sans faire de théorie, les livres sont là pour ça. Simplement en tentant de faire jaillir du sens, de l'émotion, du rire, de la colère à partir du réel sous notre nez et que nous ne le voyons plus.
Car on s'est beaucoup intéressé à l'autre. Le « Musulman » par exemple. Une vidéothèque entière a été tournée sur la condition misérable et la violence dont sa femme peut être victime, ici ou là-bas. Oubliant par là que notre avancée en la matière était bien incomplète. On se mobilise pour une fille qu'on va lapider parce qu'elle est enceinte d'un mari qui la répudie. Et il faut le faire.
Mais on oublie que chez nous, des hommes tuent encore leur femme et que les chiffres de la violence conjugale donnent le tournis dans la plupart des pays occidentaux.
Pas de cérémonie. Pas de sentence religieuse. Pas même de procès expéditif. Quelques coups de poing suffisent. Et un couteau ou un pied de chaise pour finir le travail. L'homme ira en prison. La belle affaire… Ce que l'on expliquera par la culture dans le Tiers-monde, on refuse de l'analyser pareillement quand il s'agit de chez nous. On cherche des causes psychologiques qui isolent le cas et exonèrent le reste de notre société.
Ce sont ces choses-là que je veux faire ressentir. Je pense que le cinéma est le meilleur outil pour le faire.
Classé dans : Féminin - Masculin
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